mercredi 25 novembre 2015

Téméraire - T01 - Les Dragons de sa Majesté (Naomi Novik)



Titre : Les Dragons de sa Majesté (Téméraire - T01)
Titre : His Majesty's Dragon (Temeraire - T01)
Auteur : Naomi Novik
Éditeur : Le Pré aux Clercs
Date de Parution : 2007
Nombre de Pages : 351
Prix : 20€

À lire si
    - Si vous aimez l'Epoque Napoléonienne
    - Si vous aimez les Dragons
    - Si vous aimez les Uchronies





Quatrième de Couverture
Alors que les guerres napoléoniennes font rage, le jeune capitaine Will Laurence fait une découverte qui va changer le cours de sa vie. Son vaisseau vient en effet de capturer une frégate française et sa cargaison : un œuf de dragon très rare. Les dragons sont utilisés dans les combats aériens par la plupart des nations. Mais celui que va découvrir Will n'est pas tout à fait comme les autres...
Ainsi commence l'histoire d'une amitié indéfectible entre le fabuleux dragon Téméraire et son jeune pilote. Ensemble, ils vont devoir apprendre les tactiques périlleuses de la guerre aérienne car la France, dirigée par un Bonaparte plus audacieux que jamais, rassemble ses propres créatures pour transporter ses troupes sur le sol britannique. Laurence et Téméraire se préparent à subir leur baptême du feu !

Avis
Naomi Novik a pris plaisir à écrire ce livre, cela se ressent à chaque page. Elle y traite de sujets qui visiblement la passionnent, comme les prouesses des aviateurs de la RAF et les exploits des capitaines corsaires du temps de la marine à voile, ainsi que des dragons... le tout à l'époque Napoléonienne.
Dans cette uchronie surprenante, Bonaparte se prépare à envahir l’Angleterre à dos de dragons et son armée volante est bien supérieure en nombre à celle des anglais.
L'auteur nous livre une œuvre au charme très "Jules Verne" et intègre naturellement les dragons à l'Histoire. Elle nous explique très scientifiquement comment cette armée fonctionne, comment les dragons volent, quelles sont les différentes races, leur poids, leur envergure, leur place dans les Aerials Corps, sans que cela soit ennuyeux.
Ce livre, c'est aussi le récit d'une amitié naissante entre un jeune officier de la marine britannique et un dragon pas tout à fait comme les autres. Will Laurence découvre tout un pan de la société dont il ignore les codes. Le malheureux voit ses certitudes de gentleman complètement bouleversées et devra se remettre en question pour servir au mieux l'Angleterre. Téméraire, le dragon dont il a hérité par hasard, est un être intelligent, joueur et curieux. Il va découvrir qu'il est bien plus qu'un simple animal et leur relation est au cœur de cette histoire.
Ce premier roman est surtout initiatique et une excuse pour planter le décor, pourtant il se lit avec plaisir. 

À découvrir.






mardi 17 novembre 2015

Mars la Rouge (Trilogie de Mars - T01) - Kim Stanley Robinson


Titre : Mars la Rouge
Titre VO : Red Mars
Auteur : Kim Stanley Robinson
Traducteur : Michel Demuth
Éditeur : Presses de la Cité
Date de Parution : 1994
Nombre de Pages : 552
Prix : 12€

À lire si
    - Si vous aimez les récits d'anticipation
    - Si vous aimez la conquête de Mars
    - Si vous aimez la science-fiction scientifique




Quatrième de Couverture
Le 21e siècle. Demain. Cinquante hommes et cinquante femmes, représentant les nations majeures et toutes les disciplines scientifiques, embarquent à bord de l'Arès, un immense vaisseau spatial, un micro-monde où ils vont vivre pendant plus d'un an avant d'atteindre Mars, à cent millions de kilomètres de là. Un homme, déjà, a posé le pied sur Mars : John Boone. Héros mythique depuis son retour sur Terre, il s'est porté volontaire pour ce second voyage. Un voyage aller, sans espoir de retour vers la Terre. Car les hommes et les femmes de l'Arès devront aller au-delà de l'exploration. Ils devront survivre dans un monde usé, désolé, hostile. Si l'homme ne peut s'y adapter, il faudra adapter Mars à l'homme. Il faudra descendre dans ses canyons immenses pour y chercher de la glace. Il faudra ensemencer les vallées où coulèrent des fleuves, il y a des millions d'années. Il faudra inventer de nouvelles villes, avec des matériaux et des concepts nouveaux. Des cités de rêve greffées sur le désert, au flanc des plus grands volcans du système solaire. Il faudra affronter les différences politiques et religieuses. Recommencer l'Histoire dans un décor nouveau.

Avis
En 2026, une centaine de scientifiques de toutes nationalités acceptent la mission d'une vie. Tout quitter pour s'installer sur mars. Ils doivent préparer la planète à accueillir l'homme, d'abord en construisant des villes pressurisées, ensuite en modifiant la planète. Deux points de vue s'opposent. Ceux qui veulent laisser ce monde intact et ceux qui y voient une mine inépuisable de ressources pour une Terre surexploitée et surpeuplée, dirigée par des transnationales qui rendent l'ONU totalement inefficace (déjà, en 1994 ce livre préfigurait un avenir qui est toujours d'actualité). 
Comme toujours, l'humain détruit ce qu'il ne peut posséder et la colonisation de cette planète passera par des affrontements meurtriers.
Ce livre est très réaliste, les descriptions scientifiques sont très présentes et semblent toutes réalisables. Après tout, 2026 n'est pas si loin… L'auteur réussit l'exploit de rendre la planète rouge vivante, proche de nous. Il m'a fait embarquer dans ce vaisseau, avec les 100, et m'a donné l'impression d'être le passager 101 et c'est avec eux, que j'ai visité Mars, que j'en ai découvert toute l'incroyable dimension.
Ce livre est tout simplement passionnant. Il m'a donné envie de poser le pied sur cette planète et même si je sais que ce souhait reste utopique, la génération suivante aura sans nul doute cette possibilité. L'avenir de l'humanité est dans les étoiles.

A lire







mardi 10 novembre 2015

Dune - David Lynch : Film

Réalisateur : David Lynch
Scénariste : David Lynch
D'après : Dune de Franck Herbert
Sortie US : 1984
Sortie France : 1985
Musique : Brian Eno
Distribution: Kyle McLachlan [Paul Atréides], Francesca Annis [Dame Jessica], Jürgen Prochnow [Duc Leto], Kenneth McMillan [Baron Vladimir Harkonnen], Patrick Stewart [Gurney Halleck], Sean Young [Chani], José Ferrer [Shaddam IV], Sting [Feyd-Rautha], Virginia Madsen [Princesse Irulan]


Synopsis
En l’an 10191, la substance la plus convoitée de l’univers est l’Épice. L’Épice permet le voyage spatial. L’Épice allonge la vie et permet de voir l’avenir… Seulement, l’Épice ne se trouve que sur une seule planète, Arrakis, aussi appelée Dune, un monde aride presque entièrement recouvert de sable.
Le Duc Leto Atréides se voit confier Arrakis en fief par l’Empereur Shaddam IV, prenant le relais de ses ennemis, les Harkonnens. Il s'y installe avec sa concubine, Jessica, et son fils Paul. Il sait qu'il s'agit d'un piège, mais ne peut y échapper. Le baron Harkonnen, avec l'appui des troupes impériales, détruit les Atréides au cours d'une attaque surprise. Paul et sa mère arrivent à s'échapper et se retrouvent perdus en plein désert. Ils y rencontrent les Fremens, le peuple d’Arrakis qui vit caché dans les dunes et attend la venue d’un messie qui les délivrera de l’oppression.


Avis
Dune est un film culte pour certains et une trahison de l'œuvre originale pour d'autres. Pour moi, il est les deux. Je suis à la fois désolée que les livres de Franck Herbert n'aient pas bénéficié d'un film à la hauteur de ce chef-d’œuvre, tout en éprouvant de la tendresse et de la fascination pour ce film. En 1985, il m'a fait découvrir l'univers de "Dune" et m'a donné envie de lire les romans.
Ce film, violemment critiqué à l'époque, méprisé et même désavoué par son propre réalisateur, reste un objet fascinant, qu'il faut voir au moins une fois dans sa vie.

Pourquoi ?

Parce que Dune, c'est d'abord une musique fascinante et envoûtante, signée par le groupe Toto. Elle représente magnifiquement l'immense désert de Dune et je ne peux plus lire ce livre ou même y penser, sans entendre ces notes qui me transportent instantanément sur Arrakis. Le reste de la bande-son est tout aussi intéressant, utilisant par exemple, des sons de machines, de sifflement et grondements sourds qui ponctuent les images d'une musique qui hypnotise.

Dune, c'est ensuite des paysages grandioses et des décors étonnants. Le désert à perte de vue, pulsant de chaleur, les vers des sables qui surgissent des profondeurs de la planète, gigantesques, impressionnants, dévastateurs… Imaginez les Fremens qui se détachent sur l'horizon d'un ciel sans nuage. Les décors de chaque planète sont étudiés avec soin. La cour de Shadam IV est représentée par des salons baroques, style vieille aristocratie de l'Europe de l'Est. Caladan s'élève au-dessus de l'océan tel un palais médiéval. Geidi Prime est un univers huileux et industriel. Les différents engins spatiaux sont plutôt rétro futuristes. David Lynch respecte l'esprit de Dune, un futur où les ordinateurs ont été interdits.

Dune, c'est aussi des personnages inoubliables. Paul, bien sûr, les cheveux au vent, sanglé dans son distille, les yeux bleu sur fond bleu. Les Fremens, les rudes guerriers du désert. Gurney Halleck, le vieux combattant. Mais c'est avec les Harkonnens et la Guilde que le réalisateur exprime toute sa folie. Ces personnages sont glauques, obscènes, morbides. Le meilleur exemple est l'inoubliable baron Vladimir Harkonnen, masse de chair répugnante.

Dune est surtout un film maudit, dont l'adaptation a subi de multiples rebondissements. Les droits du livre ont été rapidement acquis par Hollywood, mais l'heureux ayant-droit, Arthur Jacobs, décède peu après. Le réalisateur et scénariste Alejandro Jodorowsky convainc Michel Seydoux de les récupérer et s'engage dans un projet délirant qui ne verra jamais le jour.
En 1978, Dino de Laurentiis rachète les droits, il confie l'écriture du scénario à Frank Herbert lui-même, mais le scénario de l'écrivain est jugé trop long et inexploitable. On propose "Dune" à Ridley Scott qui vient de sortir "Alien", mais le projet du réalisateur est trop cher.
En 1981, De Laurentiis reconduit les droits et sur les conseils de sa fille, Raffaella, engage David Lynch. Le metteur en scène à 36 ans et il s'enthousiasme à la lecture du roman. Il s'attelle à l'écriture du scénario ; il lui faudra un an et demi pour l'achever. Il envisage d'abord une trilogie, puis un diptyque qui reprendrait les deux livres suivants. La complexité de l'intrigue et le nombre de personnages vont l'obliger à de nombreuses infidélités. C'est inévitable dans tout processus d'adaptation, mais Dune est un cas d'école, tant la densité du roman s'oppose à une version cinématographique digeste.

Lynch décide de commencer par un pré générique où la princesse Irulan présente les différents protagonistes. Solution intelligente qui n'est pas sans rappeler les extraits que Franck Herbert donne au début de chaque chapitre. L'entrevue entre le navigateur de la Guilde et l'empereur Shadam IV permet de présenter les clans en présence. Ce n'est qu'après qu'intervient le test de Paul par la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam, qui est la scène d'ouverture du roman.
Lynch s'attache, sur bien des points, à rester le plus proche possible du roman. Il a recours à la voix off, pour qu'on puisse entendre les pensées des personnages (c'est un procédé qui fonctionne rarement dans un film…). Certains thèmes ou protagonistes disparaissent, car il était impossible au réalisateur de tout intégrer dans son film.
Ce qui est reproché à David Lynch, ce sont les éléments d'intrigues qu'il a ajoutés, plus que ce qu'il n'a pas intégré au film ; les modules étranges, armes qui fonctionnent à la voix (sympa visuellement, mais inutile), ainsi que le final où il fait pleuvoir sur le désert. Chez Franck Herbert, le processus de changement de climat d'ARRAKIS prendra des années.

Après un an de tournage et des mois de montage, Dune sort enfin sur les écrans du monde entiers et l'attente est énorme. Trois ans après le succès planétaire de Star Wars, le cinéma de Science-fiction a conquis un public populaire demandeur de combats spatiaux et de grand spectacle. Le succès de l'œuvre littéraire, la présence de Sting au casting, tout est réuni pour un succès et pourtant, l'échec commercial est retentissant. Démonté par la critique, le film déçoit tout le monde. Il est trop compliqué pour les fans de Star Wars et trop éloigné du roman pour ceux qui ont lu Franck Herbert. Il est aussi difficile à comprendre pour ceux qui ne l'ont pas lu. Les intrigues sont trop complexes pour en assimiler toutes les implications. Les personnages sont trop nombreux, même si beaucoup ont été supprimés, et certains traversent le film sans rien lui apporter, comme Gurney, Duncan Idaho ou même Feyd Rautha.

Il y a plusieurs explications à cet échec. Le tournage au Mexique a été difficile et les effets spéciaux qui y ont été réalisés sont souvent bâclés. De son côté, David Lynch est plus à l'aise avec les atmosphères intimistes qu'avec les grands espaces, ou les combats à grande échelle. Seulement, le réalisateur n'a pas eu le "final cut" et il a dû couper son montage initial (qui durait plus de 5 heures…), ce qui rend le film inégal. Il manque visiblement des scènes, les changements de rythmes sont dommageables à l'histoire, des raccourcis sèment la confusion. Dune aurait mérité plus d'argent et plus de temps, avec un développement sur deux ou trois films (comme plus tard le Seigneur des Anneaux). La production n'a pas voulu prendre ce risque financier et finalement, n'a jamais réussi à rembourser le film.

Franck Herbert, lui-même, a dit : "Selon moi, les gens en voulaient plus. Ce qu'ils ont vu était fidèle à mon livre même si une grande partie est restée dans la salle de montage. Les fans de Dune peuvent imaginer les scènes manquantes, mais ils attendent toujours après ces scènes."

Et c'est vrai, le film ne fait qu'effleurer l'immensité de l'œuvre de Franck Herbert et je ne peux qu'espérer, qu'un jour Dune trouvera son Peter Jackson.

À voir absolument.





dimanche 8 novembre 2015

Marche ou Crève (Stephen King)


Titre : Marche ou Crève
Titre VO : The Long Walk
Auteur : Stephen King (Richard Bachman)
Traducteur : France-Marie Watkins
Éditeur : Albin Michel
Date de Parution : 1979
Nombre de Pages : 378
Prix : 7€

À lire si
    - Si vous aimez Stephen King
    - Si vous aimez les récits dystopiques





Quatrième de Couverture
Mieux que le marathon... la Longue Marche. Cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette compétition... sur laquelle une Amérique obscène et fière de ses combattants mise chaque année deux milliards de dollars. 
Sur la route, le pire, ce n'est pas la fatigue, la soif, ou même le bruit des half-tracks et l'aboiement des fusils. Le pire c'est cette créature sans tête, sans corps et sans esprit qu'il faut affronter : la foule, qui harangue les concurrents dans un délire paroxystique de plus en plus violent. L'aventure est formidablement inhumaine. 
Les participants continuent de courir en piétinant des corps morts, continuent de respirer malgré l'odeur des cadavres, continuent de vouloir gagner en dépit de tout. Mais pour quelle victoire ?

Avis
Le but de cette course, marcher, sans s'arrêter... Celui qui ralentit sera récompensé d'une balle dans la tête. Ils sont 100 et 99 devront mourir.
Stephen King sait décrire les doutes de chaque concurrent, leur souffrance et la fatigue au delà de la fatigue. Car le vrai adversaire, c'est son propre corps qui n'obéit pas, c'est l'esprit qui veut que tout s'arrête.
Ce roman ne vous lâche pas... il est haletant. J'ai avalé page après page, comme autant de ces kilomètres parcourus par ces garçons qui deviennent vite attachant. Des amitiés impossibles se nouent entre les adversaires et j'ai partagé leur désespoir. C'est brillamment écrit et passionnant. Là où un autre auteur serait tombé dans le répétitif, Stephen King raconte cette longue marche sans susciter le moindre ennui. 

Ce livre méconnu du maître est à lire absolument.