lundi 28 décembre 2015

L'Assassin Royal - T02 : L’Assassin du Roi (Robin Hobb)



Titre : L'Assassin du Roi (L'Assassin Royal - T02)
Titre VO : Royal Assassin
Auteur : Robin Hobb
Traducteur : Arnaud Mousnier-Lompré
Éditeur : Pygmalion
Date de Parution : 1996
Nombre de Pages : 414
Prix : 20€

À lire si
    - Si vous aimez les histoires de voyage initiatique
    - Si vous aimez les récits fleuves
    - Si vous aimez les mondes médiévaux





Quatrième de Couverture
Fitz, le bâtard royal, a survécu à sa première mission meurtrière, mais son contact avec la mort lui a laissé d’inaltérables séquelles. Revenu à Castelcerf, il retrouve celle qu’il a aimée, mais ne peut lui déclarer sa flamme sous peine de la condamner irrémédiablement. Car autour de lui, la Cour fourmille d’intrigues, les menaces se resserrent, la mort rôde. Il a pourtant quelques alliés dans la place : un prince qui lui fait découvrir les mystères d’une magie toute puissante, un maître assassin qui lui veut malgré tout du bien, et un loup, avec qui il partage un lien étrange et périlleux...

Avis
C’est avec bonheur que je suis retournée dans les Six-Duchés, j’aime cette ambiance médiévale si bien décrite par l’auteur. J’y ai retrouvé Fitz, le héros, là où je l’avais laissé à la fin du premier tome. Il est affaibli par son empoisonnement, mais a gagné en maturité. Ce n’est plus un apprenti, mais l’assassin du Roi dont la mission est de protéger les intérêts du monarque, ainsi que ceux du royaume. Après toutes les épreuves qu’il a traversé, le jeune homme n’a pas seulement pris de l’assurance, il a enfin accepté la magie du vif. Il se lie avec un jeune loup, Œil de nuit et cette amitié promet d’être riche en émotions. Il a également retrouvé Molly, son amour d’enfance. Les scènes joliment romantiques qui résultent de ces retrouvailles m’ont parfois agacée, car j’ai eu le sentiment qu’elles ralentissaient l’action.
Après un début un peu lent, l’histoire s’accélère lorsque Fitz doit affronter les pirates rouges et enquêter sur les forgisés, sorte de zombies dont la présence est surprenante dans une œuvre de Fantasy.
Pendant ce temps, au château, l’assassin en titre, Umbre, reste dans l’ombre telle une araignée au centre de sa toile. Il sait tout, mais semble impuissant à réellement protéger son Roi des manigances de Royal. Le personnage du Fou, prend de l’ampleur et commence à m’intriguer de plus en plus. Qui est-il vraiment ? Que veut-il ? Que manigance-t-il ? Autant de questions donnent un intérêt certain ce deuxième tome.

L’assassin du roi est moins rythmé que le premier opus, mais il ne s’agit que de la première partie du livre original… les français ayant la désagréable habitude de découper les œuvres anglo-saxonnes en deux ou trois parties. Une particularité qui ne cesse de m’agacer, il faut bien le dire. Mais ce deuxième opus offre tout de même un univers riche, des intrigues politiques passionnantes, des personnages complexes. Robin Hobb rend tout cela particulièrement agréable à suivre.

À lire absolument.



mardi 8 décembre 2015

La Roue du Temps - T03 : Le Dragon Réincarné (Robert Jordan)



Titre : Le Dragon Réincarné (La Roue du Temps - T03)
Titre VO : The Dragon Reborn
Auteur : Robert Jordan
Traducteur : Jean-claude Mallé
Éditeur : Bragelonne
Date de Parution : 1991
Date de cette Version : 13/07/2012
Nombre de Pages : 864
Prix : 25€

À lire si
    - Si vous aimez les histoires de voyage initiatique
    - Si vous aimez les récits fleuves
    - Si vous aimez la Fantasy, tout simplement



Quatrième de Couverture
La Roue du Temps s’emballe. Rand doit accepter son destin : il est le Dragon Réincarné, et le Ténébreux l’attend. Perdu et dépassé par ses nouveaux pouvoirs, il part pour la fabuleuse cité de Tear. Il doit y trouver l’épée légendaire Callandor. Elle seule lui permettra d’avoir une chance lors de l’ultime bataille. Il laisse derrière lui amis et alliés qui refusent de l’abandonner à son sort. Ils le rejoignent à Tear, où prendra fin cette fabuleuse épopée.

Avis
Cette saga est immersive et il est difficile de critiquer un seul tome, sans prendre en compte l’ensemble. Bien sûr, l’œuvre n’est pas sans défaut, répétitions, longueur… mais je me suis suffisamment attachée aux personnages et à cet univers foisonnant, pour avoir envie de lire la suite.
Le début du troisième livre est un peu lent, les choses peinent à se mettre en place. Rand prend de la distance avec ses amis et disparaît presque de l’intrigue. L’auteur se focalise donc sur les autres personnages. Mat, libéré du pouvoir de la dague, affirme son caractère flambeur et insouciant. Désormais, il semble béni par une chance insolente, voire surnaturelle. Il ne cesse d’affirmer qu’il ne veut pas s’occuper des autres, mais passe son temps à les aider. Alors qu’il m’avait agacé pendant les deux premiers tomes, j’ai commencé à l’apprécier. Perrin, solide comme toujours, gère mal son lien avec les loups et doit faire face à l’intérêt que lui porte Faile, une jeune femme en quête du cor de Valère.
L’histoire centrée sur le trio des filles, Egwene, Nynaeve et Elaine, est toujours la plus intéressante. Elles ont du courage, elles sont malignes et ne renoncent pas. Prise au cœur d’un complot, elles sont mandatées en secret par l’Amyrlin pour retrouver des Aes Sedaï qui appartiennent à l’Ajah Noire et qui par conséquent, vénèrent le ténébreux. J’apprécie le caractère bien trempé d’Egwene qui est vraiment mon personnage favori.
Ce troisième opus est pour l’instant mon préféré. Il est plus abouti que le premier, il est moins lent que le deuxième et son intrigue se révèle passionnante.
Il est seulement dommage que l’auteur persiste sur certains stéréotypes et insiste sur les travers de ces personnages. Car en effet, ils ont tous un côté de leur personnalité très agaçant… mais ils ne sont que des humains, après tout.  Comme toujours, la fin est haletante.  

Si vous avez commencé la saga, la question ne se pose pas… À lire !

La critique générale se trouve (ici) ?






dimanche 6 décembre 2015

Le Cycle de "Hunger Games" (Suzanne Collins)

Titre : Hunger Games
Titre VO : Hunger Games
Auteur : Suzanne Collins





Résumé du Cycle
Cette histoire se déroule dans un futur indéterminé, après la destruction des nations de l’Amérique du Nord et une montée notable des eaux. Un régime totalitaire, appelé Panem, dirige ce nouveau pays depuis la région appelée le capitole. Douze districts lui fournissent nourriture, énergie, matière première... et tous subissent l'hégémonie du pouvoir central. Alors que le Capitole est riche et technologiquement avancé, les douze Districts croupissent dans la pauvreté, la faim et la terreur. 
Il y a 74 ans avant le début de l'histoire, les districts se sont révoltés. Le conflit s'est achevé avec la destruction totale du district 13. En punition pour cette insurrection, le capitole a instauré les Hunger Games qui ont lieux tous les ans. Chaque District est obligé de fournir un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans. Les vingt-quatre tributs sont conduits dans une immense arène naturelle et doivent s’entre-tuer jusqu'au dernier survivant. 
Katniss Everdeen prend la place de sa petite sœur comme tribut du District 12.

Avis
Cette trilogie de science-fiction dystopique est clairement destinée à un public adolescent. Écrit au présent et à la première personne, avec un style simple et efficace, il se lit facilement. 
Katniss Everdeen, une adolescente courageuse, porte la survie de sa famille sur ses épaules depuis des années. Sa petite sœur est sélectionnée pour participer à un jeu télévisé où vingt-quatre candidats doivent s'entre-tuer en direct. Katniss se sacrifie et prend sa place.
Ma première réaction fut une impression de déjà-vu... J'avais déjà lu et vu des histoires similaires, comme Running Man (le film avec Schwarzenegger), Marche ou Crève (le livre de Stephen King) et bien sûr, Battle Royale (avec Takeshi Kitano). Pourtant Hunger Games se démarque par une description effrayante de ce monde et celle de l'organisation politique à l'origine de ces jeux.
Cette trilogie est un mélange d'action, d'aventure, d'émotions, de romance, avec un soupçon de réflexion sur les sociétés totalitaires. Le seul bémol réside dans le troisième opus. La guerre y est décrite trop succinctement et l’héroïne y est exaspérante. La fin rattrape un peu ce sentiment de superficialité.

En conclusion, à lire pour passer un moment agréable.

Le Cycle
  1. 2012 : Hunger Games
  2. 2013 : Hunger Games : l'Embrasement
  3. 2014 : Hunger Games : La Révolte

mercredi 25 novembre 2015

Téméraire - T01 - Les Dragons de sa Majesté (Naomi Novik)



Titre : Les Dragons de sa Majesté (Téméraire - T01)
Titre : His Majesty's Dragon (Temeraire - T01)
Auteur : Naomi Novik
Éditeur : Le Pré aux Clercs
Date de Parution : 2007
Nombre de Pages : 351
Prix : 20€

À lire si
    - Si vous aimez l'Epoque Napoléonienne
    - Si vous aimez les Dragons
    - Si vous aimez les Uchronies





Quatrième de Couverture
Alors que les guerres napoléoniennes font rage, le jeune capitaine Will Laurence fait une découverte qui va changer le cours de sa vie. Son vaisseau vient en effet de capturer une frégate française et sa cargaison : un œuf de dragon très rare. Les dragons sont utilisés dans les combats aériens par la plupart des nations. Mais celui que va découvrir Will n'est pas tout à fait comme les autres...
Ainsi commence l'histoire d'une amitié indéfectible entre le fabuleux dragon Téméraire et son jeune pilote. Ensemble, ils vont devoir apprendre les tactiques périlleuses de la guerre aérienne car la France, dirigée par un Bonaparte plus audacieux que jamais, rassemble ses propres créatures pour transporter ses troupes sur le sol britannique. Laurence et Téméraire se préparent à subir leur baptême du feu !

Avis
Naomi Novik a pris plaisir à écrire ce livre, cela se ressent à chaque page. Elle y traite de sujets qui visiblement la passionnent, comme les prouesses des aviateurs de la RAF et les exploits des capitaines corsaires du temps de la marine à voile, ainsi que des dragons... le tout à l'époque Napoléonienne.
Dans cette uchronie surprenante, Bonaparte se prépare à envahir l’Angleterre à dos de dragons et son armée volante est bien supérieure en nombre à celle des anglais.
L'auteur nous livre une œuvre au charme très "Jules Verne" et intègre naturellement les dragons à l'Histoire. Elle nous explique très scientifiquement comment cette armée fonctionne, comment les dragons volent, quelles sont les différentes races, leur poids, leur envergure, leur place dans les Aerials Corps, sans que cela soit ennuyeux.
Ce livre, c'est aussi le récit d'une amitié naissante entre un jeune officier de la marine britannique et un dragon pas tout à fait comme les autres. Will Laurence découvre tout un pan de la société dont il ignore les codes. Le malheureux voit ses certitudes de gentleman complètement bouleversées et devra se remettre en question pour servir au mieux l'Angleterre. Téméraire, le dragon dont il a hérité par hasard, est un être intelligent, joueur et curieux. Il va découvrir qu'il est bien plus qu'un simple animal et leur relation est au cœur de cette histoire.
Ce premier roman est surtout initiatique et une excuse pour planter le décor, pourtant il se lit avec plaisir. 

À découvrir.






mardi 17 novembre 2015

Mars la Rouge (Trilogie de Mars - T01) - Kim Stanley Robinson


Titre : Mars la Rouge
Titre VO : Red Mars
Auteur : Kim Stanley Robinson
Traducteur : Michel Demuth
Éditeur : Presses de la Cité
Date de Parution : 1994
Nombre de Pages : 552
Prix : 12€

À lire si
    - Si vous aimez les récits d'anticipation
    - Si vous aimez la conquête de Mars
    - Si vous aimez la science-fiction scientifique




Quatrième de Couverture
Le 21e siècle. Demain. Cinquante hommes et cinquante femmes, représentant les nations majeures et toutes les disciplines scientifiques, embarquent à bord de l'Arès, un immense vaisseau spatial, un micro-monde où ils vont vivre pendant plus d'un an avant d'atteindre Mars, à cent millions de kilomètres de là. Un homme, déjà, a posé le pied sur Mars : John Boone. Héros mythique depuis son retour sur Terre, il s'est porté volontaire pour ce second voyage. Un voyage aller, sans espoir de retour vers la Terre. Car les hommes et les femmes de l'Arès devront aller au-delà de l'exploration. Ils devront survivre dans un monde usé, désolé, hostile. Si l'homme ne peut s'y adapter, il faudra adapter Mars à l'homme. Il faudra descendre dans ses canyons immenses pour y chercher de la glace. Il faudra ensemencer les vallées où coulèrent des fleuves, il y a des millions d'années. Il faudra inventer de nouvelles villes, avec des matériaux et des concepts nouveaux. Des cités de rêve greffées sur le désert, au flanc des plus grands volcans du système solaire. Il faudra affronter les différences politiques et religieuses. Recommencer l'Histoire dans un décor nouveau.

Avis
En 2026, une centaine de scientifiques de toutes nationalités acceptent la mission d'une vie. Tout quitter pour s'installer sur mars. Ils doivent préparer la planète à accueillir l'homme, d'abord en construisant des villes pressurisées, ensuite en modifiant la planète. Deux points de vue s'opposent. Ceux qui veulent laisser ce monde intact et ceux qui y voient une mine inépuisable de ressources pour une Terre surexploitée et surpeuplée, dirigée par des transnationales qui rendent l'ONU totalement inefficace (déjà, en 1994 ce livre préfigurait un avenir qui est toujours d'actualité). 
Comme toujours, l'humain détruit ce qu'il ne peut posséder et la colonisation de cette planète passera par des affrontements meurtriers.
Ce livre est très réaliste, les descriptions scientifiques sont très présentes et semblent toutes réalisables. Après tout, 2026 n'est pas si loin… L'auteur réussit l'exploit de rendre la planète rouge vivante, proche de nous. Il m'a fait embarquer dans ce vaisseau, avec les 100, et m'a donné l'impression d'être le passager 101 et c'est avec eux, que j'ai visité Mars, que j'en ai découvert toute l'incroyable dimension.
Ce livre est tout simplement passionnant. Il m'a donné envie de poser le pied sur cette planète et même si je sais que ce souhait reste utopique, la génération suivante aura sans nul doute cette possibilité. L'avenir de l'humanité est dans les étoiles.

A lire







mardi 10 novembre 2015

Dune - David Lynch : Film

Réalisateur : David Lynch
Scénariste : David Lynch
D'après : Dune de Franck Herbert
Sortie US : 1984
Sortie France : 1985
Musique : Brian Eno
Distribution: Kyle McLachlan [Paul Atréides], Francesca Annis [Dame Jessica], Jürgen Prochnow [Duc Leto], Kenneth McMillan [Baron Vladimir Harkonnen], Patrick Stewart [Gurney Halleck], Sean Young [Chani], José Ferrer [Shaddam IV], Sting [Feyd-Rautha], Virginia Madsen [Princesse Irulan]


Synopsis
En l’an 10191, la substance la plus convoitée de l’univers est l’Épice. L’Épice permet le voyage spatial. L’Épice allonge la vie et permet de voir l’avenir… Seulement, l’Épice ne se trouve que sur une seule planète, Arrakis, aussi appelée Dune, un monde aride presque entièrement recouvert de sable.
Le Duc Leto Atréides se voit confier Arrakis en fief par l’Empereur Shaddam IV, prenant le relais de ses ennemis, les Harkonnens. Il s'y installe avec sa concubine, Jessica, et son fils Paul. Il sait qu'il s'agit d'un piège, mais ne peut y échapper. Le baron Harkonnen, avec l'appui des troupes impériales, détruit les Atréides au cours d'une attaque surprise. Paul et sa mère arrivent à s'échapper et se retrouvent perdus en plein désert. Ils y rencontrent les Fremens, le peuple d’Arrakis qui vit caché dans les dunes et attend la venue d’un messie qui les délivrera de l’oppression.


Avis
Dune est un film culte pour certains et une trahison de l'œuvre originale pour d'autres. Pour moi, il est les deux. Je suis à la fois désolée que les livres de Franck Herbert n'aient pas bénéficié d'un film à la hauteur de ce chef-d’œuvre, tout en éprouvant de la tendresse et de la fascination pour ce film. En 1985, il m'a fait découvrir l'univers de "Dune" et m'a donné envie de lire les romans.
Ce film, violemment critiqué à l'époque, méprisé et même désavoué par son propre réalisateur, reste un objet fascinant, qu'il faut voir au moins une fois dans sa vie.

Pourquoi ?

Parce que Dune, c'est d'abord une musique fascinante et envoûtante, signée par le groupe Toto. Elle représente magnifiquement l'immense désert de Dune et je ne peux plus lire ce livre ou même y penser, sans entendre ces notes qui me transportent instantanément sur Arrakis. Le reste de la bande-son est tout aussi intéressant, utilisant par exemple, des sons de machines, de sifflement et grondements sourds qui ponctuent les images d'une musique qui hypnotise.

Dune, c'est ensuite des paysages grandioses et des décors étonnants. Le désert à perte de vue, pulsant de chaleur, les vers des sables qui surgissent des profondeurs de la planète, gigantesques, impressionnants, dévastateurs… Imaginez les Fremens qui se détachent sur l'horizon d'un ciel sans nuage. Les décors de chaque planète sont étudiés avec soin. La cour de Shadam IV est représentée par des salons baroques, style vieille aristocratie de l'Europe de l'Est. Caladan s'élève au-dessus de l'océan tel un palais médiéval. Geidi Prime est un univers huileux et industriel. Les différents engins spatiaux sont plutôt rétro futuristes. David Lynch respecte l'esprit de Dune, un futur où les ordinateurs ont été interdits.

Dune, c'est aussi des personnages inoubliables. Paul, bien sûr, les cheveux au vent, sanglé dans son distille, les yeux bleu sur fond bleu. Les Fremens, les rudes guerriers du désert. Gurney Halleck, le vieux combattant. Mais c'est avec les Harkonnens et la Guilde que le réalisateur exprime toute sa folie. Ces personnages sont glauques, obscènes, morbides. Le meilleur exemple est l'inoubliable baron Vladimir Harkonnen, masse de chair répugnante.

Dune est surtout un film maudit, dont l'adaptation a subi de multiples rebondissements. Les droits du livre ont été rapidement acquis par Hollywood, mais l'heureux ayant-droit, Arthur Jacobs, décède peu après. Le réalisateur et scénariste Alejandro Jodorowsky convainc Michel Seydoux de les récupérer et s'engage dans un projet délirant qui ne verra jamais le jour.
En 1978, Dino de Laurentiis rachète les droits, il confie l'écriture du scénario à Frank Herbert lui-même, mais le scénario de l'écrivain est jugé trop long et inexploitable. On propose "Dune" à Ridley Scott qui vient de sortir "Alien", mais le projet du réalisateur est trop cher.
En 1981, De Laurentiis reconduit les droits et sur les conseils de sa fille, Raffaella, engage David Lynch. Le metteur en scène à 36 ans et il s'enthousiasme à la lecture du roman. Il s'attelle à l'écriture du scénario ; il lui faudra un an et demi pour l'achever. Il envisage d'abord une trilogie, puis un diptyque qui reprendrait les deux livres suivants. La complexité de l'intrigue et le nombre de personnages vont l'obliger à de nombreuses infidélités. C'est inévitable dans tout processus d'adaptation, mais Dune est un cas d'école, tant la densité du roman s'oppose à une version cinématographique digeste.

Lynch décide de commencer par un pré générique où la princesse Irulan présente les différents protagonistes. Solution intelligente qui n'est pas sans rappeler les extraits que Franck Herbert donne au début de chaque chapitre. L'entrevue entre le navigateur de la Guilde et l'empereur Shadam IV permet de présenter les clans en présence. Ce n'est qu'après qu'intervient le test de Paul par la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam, qui est la scène d'ouverture du roman.
Lynch s'attache, sur bien des points, à rester le plus proche possible du roman. Il a recours à la voix off, pour qu'on puisse entendre les pensées des personnages (c'est un procédé qui fonctionne rarement dans un film…). Certains thèmes ou protagonistes disparaissent, car il était impossible au réalisateur de tout intégrer dans son film.
Ce qui est reproché à David Lynch, ce sont les éléments d'intrigues qu'il a ajoutés, plus que ce qu'il n'a pas intégré au film ; les modules étranges, armes qui fonctionnent à la voix (sympa visuellement, mais inutile), ainsi que le final où il fait pleuvoir sur le désert. Chez Franck Herbert, le processus de changement de climat d'ARRAKIS prendra des années.

Après un an de tournage et des mois de montage, Dune sort enfin sur les écrans du monde entiers et l'attente est énorme. Trois ans après le succès planétaire de Star Wars, le cinéma de Science-fiction a conquis un public populaire demandeur de combats spatiaux et de grand spectacle. Le succès de l'œuvre littéraire, la présence de Sting au casting, tout est réuni pour un succès et pourtant, l'échec commercial est retentissant. Démonté par la critique, le film déçoit tout le monde. Il est trop compliqué pour les fans de Star Wars et trop éloigné du roman pour ceux qui ont lu Franck Herbert. Il est aussi difficile à comprendre pour ceux qui ne l'ont pas lu. Les intrigues sont trop complexes pour en assimiler toutes les implications. Les personnages sont trop nombreux, même si beaucoup ont été supprimés, et certains traversent le film sans rien lui apporter, comme Gurney, Duncan Idaho ou même Feyd Rautha.

Il y a plusieurs explications à cet échec. Le tournage au Mexique a été difficile et les effets spéciaux qui y ont été réalisés sont souvent bâclés. De son côté, David Lynch est plus à l'aise avec les atmosphères intimistes qu'avec les grands espaces, ou les combats à grande échelle. Seulement, le réalisateur n'a pas eu le "final cut" et il a dû couper son montage initial (qui durait plus de 5 heures…), ce qui rend le film inégal. Il manque visiblement des scènes, les changements de rythmes sont dommageables à l'histoire, des raccourcis sèment la confusion. Dune aurait mérité plus d'argent et plus de temps, avec un développement sur deux ou trois films (comme plus tard le Seigneur des Anneaux). La production n'a pas voulu prendre ce risque financier et finalement, n'a jamais réussi à rembourser le film.

Franck Herbert, lui-même, a dit : "Selon moi, les gens en voulaient plus. Ce qu'ils ont vu était fidèle à mon livre même si une grande partie est restée dans la salle de montage. Les fans de Dune peuvent imaginer les scènes manquantes, mais ils attendent toujours après ces scènes."

Et c'est vrai, le film ne fait qu'effleurer l'immensité de l'œuvre de Franck Herbert et je ne peux qu'espérer, qu'un jour Dune trouvera son Peter Jackson.

À voir absolument.





dimanche 8 novembre 2015

Marche ou Crève (Stephen King)


Titre : Marche ou Crève
Titre VO : The Long Walk
Auteur : Stephen King (Richard Bachman)
Traducteur : France-Marie Watkins
Éditeur : Albin Michel
Date de Parution : 1979
Nombre de Pages : 378
Prix : 7€

À lire si
    - Si vous aimez Stephen King
    - Si vous aimez les récits dystopiques





Quatrième de Couverture
Mieux que le marathon... la Longue Marche. Cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette compétition... sur laquelle une Amérique obscène et fière de ses combattants mise chaque année deux milliards de dollars. 
Sur la route, le pire, ce n'est pas la fatigue, la soif, ou même le bruit des half-tracks et l'aboiement des fusils. Le pire c'est cette créature sans tête, sans corps et sans esprit qu'il faut affronter : la foule, qui harangue les concurrents dans un délire paroxystique de plus en plus violent. L'aventure est formidablement inhumaine. 
Les participants continuent de courir en piétinant des corps morts, continuent de respirer malgré l'odeur des cadavres, continuent de vouloir gagner en dépit de tout. Mais pour quelle victoire ?

Avis
Le but de cette course, marcher, sans s'arrêter... Celui qui ralentit sera récompensé d'une balle dans la tête. Ils sont 100 et 99 devront mourir.
Stephen King sait décrire les doutes de chaque concurrent, leur souffrance et la fatigue au delà de la fatigue. Car le vrai adversaire, c'est son propre corps qui n'obéit pas, c'est l'esprit qui veut que tout s'arrête.
Ce roman ne vous lâche pas... il est haletant. J'ai avalé page après page, comme autant de ces kilomètres parcourus par ces garçons qui deviennent vite attachant. Des amitiés impossibles se nouent entre les adversaires et j'ai partagé leur désespoir. C'est brillamment écrit et passionnant. Là où un autre auteur serait tombé dans le répétitif, Stephen King raconte cette longue marche sans susciter le moindre ennui. 

Ce livre méconnu du maître est à lire absolument.





samedi 24 octobre 2015

La Trilogie de Mars (Kim Stanley Robinson)

Titre : La Trilogie de Mars
Auteur : Kim Stanley Robinson



Résumé du Cycle
La Trilogie de Mars est une véritable fresque historique qui retrace sur plusieurs dizaines d’années l’exploration, la colonisation et la terraformation de la planète Mars, à travers l’histoire des cent premiers colons et de leurs descendants.

Avis
Ces trois livres permettent d'explorer de manière inégalée la planète rouge, qui est la véritable héroïne de l'histoire. Pendant plus de deux cents ans, les personnages nous permettent d'appréhender différentes tendances politiques, sociales, religieuses et idéologiques.
Kim Stanley Robinson décrit Mars de façon détaillée et dépeint une planète aux paysages somptueux. Il s'attache aussi à décrire avec beaucoup de détails… parfois trop, la technologie employée pour coloniser et terraformer Mars. L'auteur est particulièrement bien informé sur le sujet et toutes ses explications sont crédibles.
Au début, l'histoire suit l'évolution des 100 premiers, ou plutôt, certains personnages parmi ces précurseurs, puis la vie de leurs descendants. Il s'attache également à décrire la psychologie des personnages et notamment les effets de l'ultra longévité, ou de l'envie d'indépendance de ce nouveau monde.
L'un des aspects négatifs du livre est la complexité technologique de cette longue trilogie. Il s'agit bien de "Science" fiction, ce terme prend ici toute son ampleur. J'ai également eu du mal à me sentir proche de certains personnages et ce manque d'empathie rend cette histoire difficile à lire.

Cependant, il y a quelque chose de fascinant dans cette conquête de Mars, qui semble tout à fait réalisable. À une époque où de nombreuses expériences scientifiques sont conduites pour une implantation sur la planète route, la trilogie martienne ressemble presque à un carnet de route pour une réelle colonisation

À découvrir.

Le Cycle
  • 1992 : Mars la Rouge
  • 1993 : Mars la Verte
  • 1996 : Mars la Bleue
  • 1999 : Les Martiens (recueil additionnel de nouvelles)

lundi 12 octobre 2015

Dune - T02 - Le Messie de Dune (Franck Herbert)


Titre : Le Messie de Dune
Titre VO : Dune Messiah
Auteur : Franck Herbert
Traducteur : Michel Demuth
Éditeur : Pocket
Date de Parution : 1972
Date de cette Version : 22/11/2012
Nombre de Pages : 315
Prix : 8€

À lire si
    - Si vous aimez la science-fiction
    - Si vous aimez les intrigues politiques et les complots
    - Si vous aimez les univers riches




Quatrième de Couverture
Paul Atréides a triomphé de ses ennemis. En douze ans de guerre sainte, ses Fremens ont conquis l'univers. Il est devenu l'empereur Muad'hib. Presque un dieu, puisqu'il voit l'avenir. Ses ennemis, il les connaît. Il sait quand et comment ils frapperont. Ils vont essayer de lui reprendre l'épice qui donne la prescience et peut-être percer le secret de son pouvoir. Il peut déjouer leurs plans. Mais il voit plus loin encore. Il sait que tous les futurs possibles mènent au désastre. Il est hanté par la vision de sa propre mort. Et s'il n'avait le choix qu'entre plusieurs suicides ? Et s'il ruinait son œuvre en matant ses ennemis ? Peut-être n'y a-t-il pour le prescient pas d'autre liberté que celle du sacrifice...

Avis
Dans ce deuxième tome, Paul Atréides est l'empereur, presque un Dieu aux yeux du peuple Fremen. Muré dans la solitude du pouvoir, muad'dib saura-t-il faire le seul choix possible pour la survie de l'humanité ? On retrouve dans ce deuxième tome, les mêmes personnages douze ans plus tard. Le mysticisme y est plus présent et l'action est plus feutrée. La lecture est moins aisée que dans le premier roman, mais le talent de Franck Herbert est toujours aussi magistral. La saga devient plus complexe, la dimension politico-religieuse y est plus développée avec une remise en cause du manichéisme et une psychologie plus approfondie de l'ensemble des personnages principaux. Malheureusement, le "messie de dune" manque cruellement d'action et est beaucoup trop court. Il aurait mérité le double de page, avec un contenu plus détaillé et des enjeux mieux définis. Ce livre est celui que j'apprécie le moins dans l’œuvre de Franck Herbert, mais reste un jalon incontournable dans cette saga mythique.

A lire, comme un jalon sur la longue route de "Dune".

Vous trouverez la critique du cycle complet de Dune ici.



jeudi 8 octobre 2015

Le Cycle de "Téméraire" : (Naomi Novik)

Titre : Téméraire
Titre VO : Temeraire
Auteur : Naomi Novik





Résumé du Cycle
À l'époque des guerres napoléoniennes, Will Laurence, un jeune capitaine anglais, capture une frégate française et sa cargaison : un œuf de dragon extrêmement rare et d'une valeur inestimable.
Les dragons sont utilisés dans les combats aériens par la plupart des nations, mais celui que Will a découvert n'est pas tout à fait comme les autres.
Ainsi commence l'histoire d'une amitié indéfectible entre le fabuleux dragon Téméraire et son jeune pilote. Ensemble, ils vont devoir apprendre les tactiques périlleuses de la guerre aérienne, car la France, dirigée par un Bonaparte plus audacieux que jamais, rassemble ses propres créatures afin de transporter ses troupes sur le sol britannique. Laurence et Téméraire se préparent à subir leur baptême du feu !


Avis
D'un premier abord, cette histoire est improbable. Des dragons à l’ère Napoléonienne ! Quelle idée !
J'ai toujours adoré les histoires sur la marine à voile, cette période de l'histoire est l'une de mes préférées, aussi c'est avec plaisir que j'ai retrouvé dans ces romans l'esprit de "Hornblower" de Cecil Scott Forester. Naomi Novik a tout simplement intégré les dragons à son histoire et à l'Histoire. Cette uchronie fonctionne particulièrement bien. Il est évident qu'elle a fait des recherches pour ne pas trop s'éloigner de notre réalité et la présence de ces animaux mythologiques semble très vite naturelle. L'auteur décrit très bien la façon de fonctionner des dragons et leur intégration dans la société de cette époque. Téméraire, jeune dragon naïf, se révèle être le personnage le plus attachant. Sa relation avec Will Laurence, son pilote contraint et forcé, va se transformer en une amitié pleine de charme, qui va donner tout son intérêt à cette histoire.
J'ai particulièrement apprécié l'organisation militaire du corps aérien et les similitudes frappantes avec la bataille d'Angleterre. Les Aerials corps, calqués sur la Royal Air Force de la Seconde Guerre mondiale, ont un mode de fonctionnement tellement différent de la société anglaise de l'époque, que le pauvre Will Laurence est contraint d'accepter cette affectation. À travers son regard néophyte, on découvre cet univers et on apprend à mieux comprendre les dragons, qui ne sont pas seulement des "animaux", mais des êtres conscients, intelligents avec des aptitudes différentes en fonction de leur race et de leur pays d'origine. Les combats sont véritablement spectaculaires.
J'ai vraiment lu avec enthousiasme tout ce pan de l'Histoire, complètement revisité et sous un point de vue anglais. D'ailleurs, c'est le petit point noir de cette série de romans. Pour un lecteur français, il est toujours désagréable d'être décrit comme les méchants de l'histoire… L'écriture est fluide, assez agréable à lire, sans être exceptionnelle. C'est surtout le sujet qui rend ce cycle intéressant.

Lecture à conseiller.


Le Cycle
  1. 2006 : Le Trône de Jade
  2. 2006 : Par les Chemins de la Soie
  3. 2007 : L'Empire d'Ivoire
  4. 2009 : La Victoire des Aigles
  5. 2010 : Langues de Serpents
  6. 2012 : Le Trésor des Incas
  7. 2013 : Le Sang des Tyrans

mardi 6 octobre 2015

Le Secret de Ji - T01 : Six Hériters (Pierre Grimbert)



Titre : Six Héritiers (Le Secret de Ji - T01)
Auteur : Pierre Grimbert
Éditeur : Baam
Date de Parution : 1996
Date de cette Version : 07/05/2011
Nombre de Pages : 414
Prix : 13€

À lire si
    - Si vous aimez les histoires de quête
    - Si vous aimez les récits de groupes
    - Si vous aimez la Fantasy






Quatrième de Couverture
"Parfois, lorsque la nuit est assez noire, les anciens emmènent les aînés de leurs enfants jusqu'à l'île. Là, ils leur font partager une partie de leur savoir, puis prêter un serment solennel de silence. Peut-être ne devraient-ils pas, mais un secret peut-il toujours le rester ? Cette année est celle de la réunion. Cette année sera ma quinzième, et on m'emmènera sur l'île." 
Un jour, Nol l’Étrange demanda à chacune des nations du monde connu d'envoyer un émissaire réputé pour sa sagesse sur l'île Ji. Certains en revinrent, d'autres non, et le silence fut gardé sur les événements qui s'y déroulèrent. Pourtant, cent dix-huit ans plus tard, alors même que les survivants ont emporté la vérité avec eux, les héritiers de Ji sont éliminés un à un.

Avis
Ce premier volume, d'une série composée de trois sous-cycles, commence de façon classique en mettant en place six personnages qui ne se connaissent pas. Ils sont les descendants de ceux qui ont disparu sur l'île de Ji, 118 ans plus tôt. Alors que les autres héritiers ont tous été assassinés par les membres d'une secte mystérieuse, eux ont réussi à échapper à la mort. Chacun d'entre eux comprend qu'il doit se rendre sur l'île de Ji, pour déjouer les plans de cette secte.
Ces six héros sont complémentaires et attachants. L’enchaînement des divers "points de vue" demande un peu de concentration au début, mais on est vite entraîné dans leurs aventures. Pierre Grimbert aime ses personnages et décrit son monde avec précision. Il dévoile petit à petit les indices sur ce secret mystérieux et l'on suit ce "jeu de piste" avec bonheur. Les ingrédients sont classiques, mais l'ensemble est très sympathique. 

À lire !

Critique du cycle : ici.